Cheminer vers Pâques : Chemin de Croix St Paul – n°3

Sources des images et des textes du clocher Saint-Paul : Philippe Monfort



PREMIÈRE STATION

Jésus est condamné à mort
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn 18, 33).
« Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici » (Jn 18, 36).
Pilate ajouta : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». Pilate répliqua : « Qu’est-ce que la vérité ? ».
À ce point, le Procureur romain considéra l’interrogatoire comme terminé. Il alla chez les Juifs et leur dit : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation » (cf. Jn 18, 37- 38).
Le drame de Pilate se cache dans la question : Qu’est-ce que la vérité ?
Ce n’était pas une question philosophique sur la nature de la vérité, mais une question existentielle sur son rapport à la vérité. C’était une tentative de se dérober à la voix de sa conscience qui lui ordonnait de reconnaître la vérité et de la suivre. L’homme qui ne se laisse pas conduire par la vérité se dispose même à émettre une sentence de condamnation à l’égard d’un innocent.
Les accusateurs devinent cette faiblesse de Pilate et c’est pourquoi ils ne cèdent pas. Avec détermination ils réclament la mort en croix. Les demi-mesures auxquelles Pilate a recours ne l’aident pas. La peine cruelle de la flagellation infligée à l’Accusé n’est pas suffisante. Quand le Procureur présente à la foule Jésus flagellé et couronné d’épines, il semble chercher une parole qui, à son avis, devrait faire céder l’intransigeance de la foule. Montrant Jésus, il dit : « Ecce homo ! Voici l’homme ! » Mais la réponse est : « Crucifie-le, crucifie-le ! »
Pilate cherche alors à discuter : « Reprenez-le, et crucifiez-le vous-mêmes ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation » (cf. Jn 19, 5-6).
Il est toujours plus convaincu que l’Accusé est innocent, mais cela ne lui suffit pas pour émettre une sentence d’acquittement.
Les accusateurs recourent à l’ultime argument : « Si tu le relâches, tu n’es pas ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur » (Jn 19, 12).
La menace est claire. Devinant le danger, Pilate cède définitivement et émet la sentence. Mais non sans faire le geste lâche de se laver les mains : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme ; cela vous regarde ! » (Mt 27, 24).
C’est de cette façon que Jésus a été condamné à la mort sur une croix, Lui le Fils du Dieu vivant, le Rédempteur du monde. Tout au long des siècles, la négation de la vérité a engendré souffrance et mort. Ce sont les innocents qui paient le prix de l’hypocrisie humaine.
Les demi-mesures ne sont pas suffisantes. Il ne suffit pas non plus de se laver les mains. La responsabilité pour le sang du juste demeure. C’est pour cela que le Christ a prié avec tant de ferveur pour ses disciples de tous les temps : Père, « consacre-les par la vérité: ta parole est vérité » (Jn 17, 17).

PRIÈRE

Ô Christ, toi qui as accepté une condamnation injuste,
accorde-nous, ainsi qu’à tous les hommes de notre temps, la grâce d’être fidèles à la vérité ;
ne permets pas que le poids de la responsabilité
pour la souffrance des innocents retombe sur nous et sur ceux qui viendront après nous.
À toi, Jésus, juste Juge, l’honneur et la gloire pour les siècles sans fin. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


DEUXIÈME STATION

Jésus est chargé de sa croix
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

Il n’était pas licite de condamner à la mort de la croix un citoyen romain : c’était trop humiliant. Le moment où Jésus de Nazareth s’est chargé de la croix pour la porter sur le Calvaire marque un tournant dans l’histoire de la croix.
Signe d’une mort infamante, réservée à la catégorie la plus basse des hommes, la croix devient une clé. Désormais, avec l’aide de cette clé, l’homme ouvrira la porte des profondeurs du mystère de Dieu. Par le geste du Christ qui accepte la croix, instrument de son dépouillement, les hommes sauront que Dieu est amour.
Amour sans limites : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16).
Cette vérité sur Dieu s’est révélée par la croix.
Ne pouvait-elle pas se révéler d’une autre façon ?
Peut-être que oui. Toutefois Dieu a choisi la croix.
Le Père a choisi la croix pour son Fils, et le Fils l’a prise sur ses épaules, il l’a portée sur le Calvaire et sur elle il a offert sa vie.
« Sur la croix il y a la souffrance, sur la croix il y a le salut, sur la croix il y a une leçon d’amour.
Ô Dieu, celui qui une fois t’a compris ne désire rien d’autre, ne cherche rien d’autre »
La Croix est signe d’un amour sans limites !

PRIÈRE

Ô Christ, toi qui acceptes la croix de la main des hommes,
pour en faire le signe
de l’amour salvifique de Dieu pour l’homme,
accorde-nous, ainsi qu’à tous les hommes de notre temps,
la grâce de la foi en cet amour infini,
afin que, en transmettant au nouveau millénaire
le signe de la croix,
nous soyons des témoins authentiques de la Rédemption.
À toi, Jésus, prêtre et victime,
la louange et la gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


TROISIÈME STATION

Jésus tombe pour la première fois
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Dieu a pris sur lui nos péchés à nous tous » (cf. Is 53, 6).
« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin.
Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous » (Is 53, 6)
Jésus tombe sous la croix. Il tombe d’épuisement. Le corps ensanglanté par la flagellation, la tête couronnée d’épines. Tout cela fait que les forces lui manquent.
Il tombe, et la croix de tout son poids l’écrase contre terre.
Il faut revenir aux paroles du prophète qui, des siècles auparavant, entrevoit cette chute. C’est comme s’il la contemplait de ses propres yeux : devant le Serviteur du Seigneur à terre sous le poids de la croix, il montre la vraie cause de sa chute :
« Dieu a pris sur lui nos péchés à nous tous ».
Ce sont les péchés qui ont écrasé contre terre le divin Condamné.
Ce sont eux qui ont déterminé le poids de la croix qu’il portait sur ses épaules.
Ce sont les péchés qui ont provoqué sa chute.
Le Christ péniblement se relève pour reprendre le chemin. Les soldats qui l’escortent cherchent à le stimuler par des cris et des coups.
Après un moment le cortège repart. Jésus tombe et se relève.
C’est ainsi que le Rédempteur du monde s’adresse sans prononcer un mot à tous ceux qui tombent. Il les exhorte à se relever.
« Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris » (cf. 1 P 2, 24).

PRIÈRE

Ô Christ, toi qui es tombé sous le poids de nos fautes
et qui t’es relevé pour notre justification,
nous t’en prions, aide-nous,
ainsi que tous ceux qui sont écrasés par le péché,
à nous remettre debout et à reprendre le chemin.
Donne-nous la force de l’Esprit,
pour porter avec Toi la croix de notre faiblesse.
À toi, Jésus, écrasé sous le poids de nos fautes,
notre louange et notre amour pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


QUATRIÈME STATION

Jésus rencontre sa mère
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 30-33).
Marie se remémorait de ces paroles. Elle y revenait souvent dans le secret de son cœur.
Quand, sur le chemin de la croix, elle rencontra son Fils, peut-être justement ces paroles lui revinrent-elles à l’esprit. Avec une force particulière. « Il régnera… Et son règne n’aura pas de fin… », avait dit le messager céleste.
Maintenant, alors qu’elle voit son Fils, condamné à mort, porter la croix sur laquelle il devra mourir, elle pourrait se demander humainement parlant : Comment donc ces paroles peuvent-elles se réaliser ? De quelle façon régnera-t-il sur la maison de David ? Et comment se pourra-t-il que son règne n’ait pas de fin ? Humainement parlant, ces questions peuvent se comprendre.
Cependant Marie se souvient qu’alors, après avoir entendu l’annonce de l’ange, elle avait répondu : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38).
Maintenant elle voit que cette parole se réalise comme parole de la croix. Parce qu’elle est mère, Marie souffre profondément. Toutefois, maintenant aussi elle répond comme elle avait répondu alors à l’Annonciation : « Que tout se passe pour moi selon ta parole ».
De cette façon, elle prend maternellement dans ses bras la croix avec le divin Condamné.
Sur le chemin de la croix, Marie se manifeste comme Mère du Rédempteur du monde.
« Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lm 1, 12).
C’est la Mère des Douleurs qui parle, la Servante qui obéit jusqu’au bout, la Mère du Rédempteur du monde.

PRIÈRE

Ô Marie, toi qui as parcouru
le chemin de la croix avec ton Fils,
déchirée de douleur dans ton cœur de mère,
mais te souvenant toujours de ton fiat
et intimement convaincue que Celui à qui rien n’est impossible
saurait réaliser ses promesses,
implore pour nous et pour les hommes des générations futures
la grâce de l’abandon à l’amour de Dieu.
Fais que, face à la souffrance, au refus, à l’épreuve,
même prolongée et violente,
nous ne doutions jamais de son amour.
À Jésus, ton Fils, honneur et gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


CINQUIÈME STATION

Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

Ils réquisitionnèrent Simon (cf. Mc 15, 21).
Les soldats romains firent ainsi, craignant que le Condamné épuisé ne parvienne pas à porter la croix jusqu’au Golgotha. Ils n’auraient pas pu exécuter la sentence de crucifixion portée sur lui.
Ils cherchaient un homme qui l’aidât à porter la croix.
Leur regard se posa sur Simon. Ils le réquisitionnèrent pour le charger de ce poids. On peut imaginer qu’il ne fut pas d’accord et qu’il s’y opposa. Porter avec un condamné sa croix pouvait être considéré comme une offense à la dignité d’un homme libre. Bien qu’à contrecœur, Simon prit la croix pour aider Jésus.
Dans un chant de Carême résonnent ces paroles : « Sous le poids de la croix, Jésus accueille le Cyrénéen ». Ce sont des paroles qui laissent entrevoir un changement total de perspective : le divin Condamné apparaît comme quelqu’un qui, en un certain sens, « fait don » de la croix.
N’est-ce pas lui qui a dit : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Mt 10, 38) ?
Simon reçoit un don. Il en est devenu « digne ».
Ce qui aux yeux de la foule pouvait offenser sa dignité lui a, au contraire, conféré une nouvelle dignité dans la perspective de la Rédemption.
Le Fils de Dieu l’a fait participer d’une manière singulière à son œuvre salvifique.
Simon en est-il conscient ?
L’évangéliste Marc identifie Simon de Cyrène comme étant le « père d’Alexandre et de Rufus » (15, 21).
Si les fils de Simon de Cyrène étaient connus de la première communauté chrétienne, on peut penser que lui aussi, précisément tandis qu’il portait la croix, a cru au Christ. Il passa librement de la contrainte à la disponibilité, comme s’il avait été intimement touché par ces paroles : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». Alors qu’il portait la croix, il fut introduit à la connaissance de l’évangile de la croix.
Depuis lors, cet évangile parle à de nombreuses personnes, innombrables Cyrénéens appelés au cours de l’histoire à porter la croix avec Jésus.

PRIÈRE

Ô Christ, qui as conféré à Simon de Cyrène
la dignité de porter ta croix,
accueille-nous aussi sous son poids, accueille tous les hommes
et donne à chacun la grâce de la disponibilité.
Fais que nous ne détournions pas notre regard de ceux
qui sont accablés par la croix de la maladie,
de la solitude, de la faim, de l’injustice.
Fais que, portant les poids les uns des autres,
nous devenions témoins de l’évangile de la croix,
des témoins véritablement crédibles de toi,
qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


SIXIÈME STATION

Véronique essuie le visage de Jésus
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

Véronique ne figure pas dans les Évangiles. Ce nom n’y est pas mentionné, bien qu’il y ait celui de différentes femmes qui apparaissent aux côtés de Jésus. Il se peut donc que le nom exprime plutôt ce que fit cette femme. En effet, selon la tradition, sur le chemin du Calvaire une femme se fraya un chemin parmi les soldats qui escortaient Jésus et, avec un voile, elle essuya la sueur et le sang du visage du Seigneur. Ce visage resta imprimé sur le voile ; un reflet fidèle – une « icône véritable ». C’est à cela qu’on lierait le nom même de Véronique.
S’il en est ainsi, ce nom, qui rend mémorable le geste accompli par cette femme, renferme en même temps la plus profonde vérité sur elle.
Un jour, suscitant les critiques de l’assistance, Jésus prit la défense d’une femme pécheresse qui avait versé sur ses pieds de l’huile parfumée et qui les avait essuyés avec ses cheveux. À l’objection qui lui fut faite alors, il répondit : « Pourquoi tourmenter cette femme ? C’est une action charitable qu’elle a faite à mon égard […]. Si elle a versé ce parfum sur mon corps, c’est en vue de mon ensevelissement » (Mt 26, 10. 12).
On pourrait aussi appliquer ces paroles à Véronique.
Ainsi est manifestée la portée profonde de cet événement.
Le Rédempteur du monde donne à Véronique une image authentique de son visage.
Le voile sur lequel reste imprimé le visage du Christ devient un message pour nous. Il dit en un sens : Voilà comment toute action bonne, tout geste de véritable amour envers le prochain renforce en celui qui l’accomplit la ressemblance avec le Rédempteur du monde.
Les actes d’amour ne passent pas. Tout geste de bonté, de compréhension, de service, laisse dans le cœur de l’homme un signe indélébile, qui le rend toujours plus semblable à Celui qui « se dépouilla lui-même, en prenant la condition de serviteur » (Ph 2, 7). Ainsi se forme l’identité de l’homme, son vrai nom.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
Toi qui as accepté
le geste désintéressé d’amour d’une femme
et qui en retour as fait en sorte
que les générations s’en souviennent avec le nom de ton visage,
fais que nos actions,
et celles de tous ceux qui viendront après nous,
nous rendent semblables à toi
et laissent au monde le reflet
de ton amour infini.
À toi, Jésus, splendeur de la gloire du Père,
louange et gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


SEPTIÈME STATION

Jésus tombe une deuxième fois
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple » (Ps 21 [22], 7). Ces paroles du psaume viennent à l’esprit tandis que nous regardons Jésus qui, pour la deuxième fois, tombe sous la croix.
Voici que, dans la poussière de la terre, gît le Condamné. Écrasé sous le poids de la croix. Ses forces l’abandonnent toujours davantage. Mais, à grand peine, il se relève pour continuer son chemin.
Que signifie pour nous, hommes pécheurs, cette deuxième chute ? Plus encore que la première, elle semble nous exhorter à nous relever, à nous relever une nouvelle fois sur notre chemin de croix.
Cyprian Norwid a écrit : « Non pas derrière nous-mêmes avec la croix du Sauveur, mais derrière le Sauveur avec notre croix ». Maxime brève mais qui en dit long. Elle explique en quel sens le christianisme est la religion de la croix.
Elle laisse entendre que tout homme rencontre ici-bas le Christ qui porte la croix et qui tombe sous son poids.
À son tour, sur le chemin du Calvaire, le Christ rencontre tout homme et, tombant sous le poids de la croix, il ne cesse d’annoncer la Bonne Nouvelle.
Depuis deux mille ans, l’évangile de la croix parle à l’homme.
Depuis vingt siècles, le Christ qui se relève de la chute rencontre l’homme qui tombe.
Tout au long de ces deux millénaires, beaucoup en ont fait l’expérience : tomber ne signifie pas la fin du chemin.
En rencontrant le Sauveur, ils se sont sentis rassurés par Lui : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Cor 12, 9).
Ils se sont relevés réconfortés et ils ont transmis au monde la parole de l’espérance qui jaillit de la croix.
Aujourd’hui, nous sommes appelés à approfondir le contenu de cette rencontre.
Il faut que notre génération transmette aux siècles futurs la bonne nouvelle de notre relèvement dans le Christ.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
toi qui tombes sous le poids du péché de l’homme
et qui te relèves pour le prendre sur toi et l’effacer,
donne-nous, à nous hommes faibles,
la force de porter la croix de chaque jour
et de nous relever de nos chutes,
pour transmettre aux générations qui viendront
l’Évangile de ta puissance salvifique.
À toi, Jésus, soutien de notre faiblesse,
la louange et la gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


HUITIÈME STATION

Jésus console les femmes de Jérusalem
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi !
Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira :
‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes :
‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez nous’.
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (Lc 23, 28-31).
Ce sont là les paroles de Jésus aux femmes de Jérusalem qui pleuraient, exprimant ainsi leur compassion pour le Condamné.
« Ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » À ce moment-là, il était certainement difficile de comprendre le sens de ces paroles. Elles contenaient une prophétie, qui devait se vérifier rapidement.
Peu avant, Jésus avait pleuré sur Jérusalem, annonçant l’horrible sort qui la frapperait.
Maintenant, il semble se référer à cette prédiction : « Pleurez sur vos enfants… »
Pleurez, parce qu’ils seront, eux précisément, témoins et participants de la destruction de Jérusalem, de cette Jérusalem qui « n’a pas reconnu le moment où Dieu la visitait » (cf. Lc 19, 44).
Si, tandis que nous suivons Jésus sur le chemin de la croix, s’éveille en nos cœurs la compassion pour sa souffrance, nous ne pouvons pas oublier cet avertissement.
« Si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
Pour notre génération, plutôt que de pleurer sur le Christ martyrisé, c’est l’heure de « reconnaître le temps où elle est visitée ». Déjà resplendit l’aurore de la Résurrection. « C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 2).
À chacun de nous, le Christ adresse ces paroles de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. Le vainqueur, je le ferai siéger près de moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, je suis allé siéger près de mon Père sur son Trône » (3, 20-21).

PRIÈRE

Ô Christ, toi qui es venu en ce monde
pour visiter tous ceux qui attendent le salut,
fais que notre génération reconnaisse le temps où elle est visitée
et qu’elle ait part aux fruits de ta Rédemption.
Ne permets pas qu’il faille pleurer sur nous
et sur les hommes
parce que nous avons repoussé la main du Père miséricordieux.
À toi, Jésus, né de la Vierge Fille de Sion,
honneur et gloire pour les siècles éternels. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


NEUVIÈME STATION

Jésus tombe pour la troisième fois
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

Voilà de nouveau le Christ tombé à terre sous le poids de la croix. La foule, curieuse, regarde s’il aura encore la force de se relever.
Saint Paul écrit : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Voilà précisément ce que semble exprimer la troisième chute : le dépouillement, la kénose, du Fils de Dieu, l’humiliation sous la croix.
Jésus avait dit à ses disciples qu’il était venu non pour être servi mais pour servir (cf. Mt 20, 28).
Au Cénacle, en s’abaissant jusqu’à terre et en leur lavant les pieds, il avait d’une certaine manière voulu les habituer à cette humiliation de sa personne.
En tombant à terre pour la troisième fois sur le chemin de la croix, il nous crie encore à pleine voix son mystère.
Écoutons sa voix !
Ce Condamné, qui succombe sous le poids de la croix tout près du lieu de son supplice, nous dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12).
Ne soyons pas troublés à la vue d’un Condamné qui tombe à terre, épuisé sous la croix.
Cette manifestation extérieure de la mort qui s’approche cache la lumière de la vie.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
toi qui, par ton humiliation sous la croix,
as révélé au monde le prix de sa rédemption,
donne aux hommes de notre temps
la lumière de la foi,
afin que, reconnaissant en toi
le Serviteur souffrant de Dieu et de l’homme,
ils aient le courage de suivre le même chemin
qui, par la croix et le dépouillement,
conduit à la vie éternelle.
À toi, Jésus, soutien de notre faiblesse,
honneur et gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


DIXIÈME STATION

Jésus est dépouillé de ses vêtements, abreuvé de vinaigre et de fiel
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Il en goûta, mais ne voulut pas boire » (Mt 27, 34).
Il ne veut pas de calmants, qui auraient obscurci sa conscience durant l’agonie.
Il voulait agoniser sur la croix en toute conscience, en accomplissant la mission reçue de son Père.
C’était contraire aux méthodes en usage chez les soldats chargés de l’exécution. Chargés de clouer le condamné sur la croix, ils cherchaient à diminuer sa sensibilité et sa conscience.
Dans le cas du Christ, il ne pouvait en être ainsi. Jésus sait que sa mort en croix doit être un sacrifice d’expiation.
C’est pourquoi il veut garder sa conscience éveillée jusqu’à la fin.
Privé de celle-ci, il n’aurait pas pu, de façon totalement libre, accepter la pleine mesure de sa souffrance.
Il doit monter sur la croix pour offrir le sacrifice de la Nouvelle Alliance.
Il est Prêtre. Il doit entrer, par son propre sang, dans les demeures éternelles, après avoir accompli la rédemption du monde (cf. He 9, 12).
Conscience et liberté : telles sont les caractéristiques imprescriptibles d’un agir pleinement humain.
Le monde connaît tant de moyens pour affaiblir la volonté en obscurcissant la conscience !
Il faut les protéger jalousement contre toutes les violences !
Même l’effort légitime pour atténuer la souffrance doit toujours se faire dans le respect de la dignité humaine.
Il faut comprendre profondément le sacrifice du Christ, il faut s’unir à lui pour ne pas céder, pour ne pas permettre que la vie et la mort perdent leur valeur.

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
Toi qui, avec un entier dévouement, as accepté de mourir sur la croix
pour nous sauver,
fais que nous ayons part, ainsi que tous les hommes du monde,
à ton sacrifice sur la croix,
afin que notre existence comme nos actions
expriment notre participation libre et consciente
à ton œuvre de salut.
À toi, Jésus, Prêtre et Victime,
honneur et gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


ONZIÈME STATION

Jésus est cloué sur la croix
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os » (Ps 21[22], 17-18).
Les paroles du prophète s’accomplissent.
L’exécution commence.
Les coups des bourreaux écrasent les pieds et les mains du Condamné sur le bois de la croix.
Dans le creux des mains, les clous sont fixés avec violence. Ces clous maintiendront le condamné suspendu dans les tourments inexprimables de l’agonie.
Dans son corps, comme dans son esprit très sensible, le Christ souffre d’une manière indicible.
Avec lui, on crucifie deux vrais malfaiteurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. La prophétie s’accomplit : « Il a été compté avec les pécheurs » (Is 53, 12).
Quand les bourreaux dresseront la croix, alors commencera une agonie qui durera trois heures. Il faut que s’accomplisse aussi cette parole : « Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32).
Qu’est-ce qui « attire » chez ce Condamné en agonie sur la croix ?
Il est certain que l’image d’une souffrance aussi intense éveille la compassion. Mais la compassion ne suffit pas pour inciter à lier sa propre vie à Celui qui est cloué à la Croix.
Comment expliquer que, de génération en génération, cette terrible vision ait pu attirer des foules innombrables de personnes qui ont fait de la croix la caractéristique de leur foi ?
D’hommes et de femmes qui, au cours des siècles, ont vécu et ont donné leur vie en regardant ce signe ?
Du haut de la croix le Christ attire par la puissance de l’amour,
de l’Amour divin, qui ne s’est pas soustrait au don total de soi ; de l’Amour infini, qui a élevé de terre sur l’arbre de la croix le poids du corps du Christ, pour compenser le poids de l’antique faute ; de l’Amour sans limites, qui a comblé tout le manque d’amour et qui a permis à l’homme de se réfugier à nouveau dans les bras du Père miséricordieux.
Que le Christ élevé sur la croix nous attire, nous, hommes et femmes, à l’ombre de la croix, « vivons dans l’amour comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire » (cf. Ep 5, 2).

PRIÈRE

Christ élevé,
Amour crucifié,
remplis nos cœurs de ton amour,
afin que nous reconnaissions dans ta Croix
le signe de notre rédemption
et que, attirés par tes blessures,
nous vivions et mourions avec toi,
qui règnes avec le Père et le Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen


DOUZIÈME STATION

Jésus meurt sur la croix
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Au plus vif de la Passion, le Christ n’oublie pas l’homme, et en particulier il n’oublie pas ceux qui sont la cause directe de sa souffrance. Il sait que l’homme, plus que toute autre créature, a besoin d’amour ; qu’il a besoin de la miséricorde qui, en cet instant, se répand sur le monde. « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43). Jésus répond ainsi à la demande du malfaiteur suspendu à sa droite : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne » (Lc 23, 42).
La promesse d’une nouvelle vie. Tel est le premier effet de la passion et de la mort imminente du Christ. Une parole d’espérance pour l’homme.
Au pied de la croix se tenait sa Mère, et près d’elle le disciple, Jean l’évangéliste. Jésus dit : « Femme, voici ton fils ! », et au disciple : « Voici ta mère ! » (Jn 19, 26-27).
« Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 27).
C’est son testament pour les personnes les plus chères à son cœur. Son testament pour l’Église.
En mourant, Jésus veut que l’amour maternel de Marie embrasse tous ceux pour qui Il donne sa vie, l’humanité entière. Aussitôt après, Jésus s’écrie : « J’ai soif » (Jn 19, 28).Parole où transparaît la terrible soif qui brûle tout son corps. C’est la seule parole qui manifeste directement sa souffrance physique.
Puis Jésus ajoute : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46; cf. Ps 21 [22], 2). Il prie avec les paroles du psaume. Malgré sa teneur, la phrase met en évidence son union profonde avec son Père.
Dans les derniers instants de sa vie sur la terre, Jésus se tourne vers son Père. Désormais, le dialogue ne se déroulera plus qu’entre le Fils qui meurt et le Père qui accepte son sacrifice d’amour.
Quand arrive la neuvième heure, Jésus s’écrie : « Tout est accompli ! » (Jn 19, 30).
Voici l’heure où s’accomplit l’œuvre de la rédemption.
La mission pour laquelle il est venu sur la terre a atteint son but.
Le reste appartient au Père : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46).
Ayant dit cela, il expira. « Le rideau du Temple se déchira en deux… » (Lc 27, 51).
Le « Saint des Saints » du Temple de Jérusalem s’ouvre au moment même où y entre le Prêtre de la Nouvelle et Éternelle Alliance.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
Toi qui, au moment de l’agonie,
n’es pas resté indifférent au sort de l’homme
et qui, dans ton dernier souffle
as confié avec amour à la miséricorde du Père
les hommes et les femmes de tous les temps
avec leurs faiblesses et leurs péchés,
remplis-nous, nous-mêmes et les générations futures,
de ton Esprit d’amour, afin que notre indifférence ne rende pas vaine en nous
les fruits de ta mort.
À toi, Jésus crucifié, sagesse et puissance de Dieu,
honneur et gloire pour les siècles éternels. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


TREIZIÈME STATION

Jésus est descendu de la croix et confié à sa Mère
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

On a remis entre les mains de la Mère le corps sans vie de son Fils. Les Évangiles ne disent pas ce qu’elle a éprouvé en cet instant. C’est comme si les Évangélistes, par ce silence, voulaient respecter sa douleur, ses sentiments et ses souvenirs. Ou simplement comme s’ils ne s’estimaient pas capables de les exprimer.
C’est seulement la dévotion séculaire qui a conservé l’image de la «Pietà», fixant ainsi dans la mémoire du peuple chrétien l’expression la plus douloureuse de cet ineffable lien d’amour, né dans le cœur de la Mère le jour de l’Annonciation et mûri dans l’attente de la naissance de son divin Fils.
Cet amour s’est révélé dans la grotte de Bethléem, il a déjà été soumis à l’épreuve durant la présentation au Temple, il s’est approfondi en même temps que les événements conservés et médités dans son cœur (cf. Lc 1, 37).
Maintenant, ce lien étroit d’amour doit se transformer en une union qui dépasse les frontières de la vie et de la mort.
Et il en sera ainsi tout au long des siècles : les hommes s’arrêtent auprès de la statue de la Pietà de Michel-Ange, s’agenouillent devant l’image de la Mère des Sept Douleurs, Patronne de la Slovaquie, et ils la vénèrent dans de nombreux sanctuaires à travers le monde entier.
Ils apprennent ainsi le difficile amour qui ne se dérobe pas devant la souffrance, mais qui s’abandonne avec confiance à la tendresse de Dieu, à qui rien n’est impossible (cf. Lc 1, 37).

PRIÈRE

Obtiens-nous la grâce de la foi, de l’espérance et de la charité,
afin que, comme toi, nous sachions nous aussi
persévérer au pied de la croix jusqu’à notre dernier souffle.
À ton Fils, Jésus, notre Sauveur,
avec le Père et avec l’Esprit Saint,
tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.


QUATORZIÈME STATION

Le corps de Jésus est mis au tombeau
Nous vous adorons, Seigneur Jésus, et nous vous bénissons.
Parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix.

« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli… »
Le corps sans vie du Christ a été déposé dans le tombeau. Pourtant, la pierre du tombeau n’est pas le sceau définitif de son œuvre. Le dernier mot n’appartient pas au mensonge, à la haine et à l’abus de pouvoir.
Le dernier mot sera prononcé par l’Amour, qui est plus fort que la mort.
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 24).
Le tombeau est la dernière étape de la mort du Christ au cours de toute sa vie terrestre ; c’est le signe de son sacrifice suprême pour nous et pour notre salut.
Très vite, désormais, ce tombeau deviendra la première annonce de louange et d’exaltation du Fils de Dieu dans la gloire du Père.
« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli,(…) le troisième jour est ressuscité des morts ».
Avec la mise au tombeau du corps sans vie de Jésus, au pied du Golgotha, l’Église commence la veillée du Samedi saint.
Marie conserve et médite au fond de son cœur la passion de son Fils ; les femmes se donnent rendez-vous le lendemain matin après le sabbat, pour oindre le corps du Christ avec des aromates ; les disciples se rassemblent, en se cachant au Cénacle, jusqu’à ce que le sabbat soit passé.
Cette veillée s’achèvera avec la rencontre près du tombeau, le tombeau vide du Sauveur.
Alors le tombeau, témoin muet de la résurrection, parlera.
La pierre roulée, l’intérieur vide, les bandelettes à terre, voilà ce que verra Jean, arrivé au tombeau avec Pierre : « Il vit et il crut » (Jn 20, 8). Et avec lui l’Église crut, elle qui, depuis ce moment-là, ne se lasse pas de transmettre au monde cette vérité fondamentale de sa foi : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité » (1 Co 15, 20).
Le tombeau vide est le signe de la victoire définitive de la vérité sur le mensonge, du bien sur le mal, de la miséricorde sur le péché, de la vie sur la mort.
Le tombeau vide est le signe de l’espérance qui « ne trompe pas » (Rm 5, 5).
« Par notre espérance, nous avons déjà l’immortalité » (cf. Sg 3, 4).

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
toi qui, dans la puissance de l’Esprit Saint,
as été conduit par le Père des ténèbres de la mort
à la lumière d’une vie nouvelle dans la gloire,
fais que le signe du tombeau vide
nous parle, à nous et aux générations futures,
et qu’il devienne source de foi vive,
de charité généreuse et de ferme espérance.
À toi, Jésus, présence cachée et victorieuse
dans l’histoire du monde,
honneur et gloire pour les siècles. Amen.

Notre Père…

Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix, par la miséricorde de Dieu. Amen.