Hommage aux Fusillés du 10 Novembre 1942

10 novembre 1942, il est 5 h à la prison de Bruges, un camion sort discrètement de la ville endormie pour se rendre dans le bois de Loppem (ou Lophem). Huit hommes sont sortis du camion, alignés devant le peloton pour être exécutés. Résistants de la première heure, ils ont constitué un des premiers réseaux d’espionnage et de presse clandestine en Belgique. Des informations transiteront de Lokeren, de Dendermonde vers Mouscron, ensuite vers Tourcoing et vers la France et la Suisse… Flamands et Francophones sont unis dans un même projet et dans la mort. Prêtres ou pères de familles, entrepreneur ou facteur, ils vont mourir ensemble.

Dans la clairière embrumée du bois, on fit des préparatifs assez sommaires. Les condamnés n’avaient plus grand chose à se dire, tout avait été dit pendant le trajet. L’ordre fut donné d’attacher les victimes à des hêtres. Le Père Meirsman, demanda à ne pas être ligoté. Un échange d’opinions eut lieu entre les braves, et Monsieur le Vicaire Emmanuel de Neckere émit le désir d’être lié, et il exhorta ses compagnons à faire de même.

Avant de se laisser attacher, Monsieur le Vicaire Emmanuel de Neckere avait serré la main de tous les hommes qui faisaient partie du peloton d’exécution. Il leur avait dit, tout simplement : « Je vous pardonne … Faites votre devoir ». Et tous les soldats émus lui avaient serré la main. Un seul, un officier avait refusé la main tendue de ce Belge qui allait mourir.

On s’avança pour bander les yeux des condamnés. Un commandement bref, et l’air fut déchiré d’une seule détonation. Les compagnons d’infortune étaient entrés ensemble et d’un coup, dans la mort, et dans la gloire pour leur patrie. Aujourd’hui s’élève une croix dans ce même bois entouré de belles maisons.

Témoignage de sœur Nadine Ver Hoeye, fille d’un ancien combattant :

Je n’ai pas connu réellement la guerre, mais bien par les récits que papa nous racontait, et souvent avec les larmes aux yeux.

Papa et maman se sont mariés le 28 août 1942 à l’église St Barthélemy. Comme papa avait une bonne relation avec le vicaire de Neckere, il lui avait demandé de célébrer son mariage, ainsi que celui du frère à maman. Le vicaire de Neckere n’était pourtant pas de service ce jour-là, mais il a quand même dit oui à papa pour la célébration. Ce qui faisait pour le vicaire un double mariage. Qui aurait pensé que ces deux mariages seraient les derniers avant son arrestation le 31 août 1942 ? Papa est resté marqué par cette arrestation. Plus tard, lorsque je résidais à Loppem, et que papa et maman venaient en vacances ou en W.E., ils aimaient se recueillir auprès de la croix des fusillés dans les bois de Loppem. C’était devenu un peu leur lieu de pèlerinage. C’est par mon père que j’ai appris l’estime pour les mouscronnois qui ont donné leur vie pour la patrie. Je me sens proche de l’abbé de Neckere qui a uni mes parents pour la vie et maintenant, ils sont tous ensemble dans la paix de Dieu avec tant d’autres personnes qui sont mortes pour la patrie. Aux jeunes de maintenant, gardez en mémoire tous les sacrifices que nos ancêtres ont faits pour nous et pour la Belgique.

Sœur Nadine Ver Hoeye

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