KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 11

Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron

La vie cachée


Pendant cinq ans, le Père Schilling mena donc, à Aubigny, une vie de prière et d’humble dévouement. Puis, les lois sur les associations religieuses ayant forcé nos Pères de France à s’exiler, le Père Schilling fut destiné au Noviciat de Monza, en Italie. Il y reprit les fonctions de vice-maître des novices, qu’il venait d’exercer avec tant d’édification et de profit pour les jeunes religieux de la Province de France.

Dans son livre « l miei ricordi oratori » (Mes souvenirs d’orateur), le célèbre barnabite italien, le Père Semeria, relate l’impression que fit sur lui son vice-maître norvégien : « Le noviciat me mit en rapport avec le P. Schilling, protestant norvégien converti : un authentique saint homme. Celui-ci, converti et religieux de fraîche date, se concentrait alors tout entier sur le travail de sa sanctification. Il y apportait une ardeur et un soin minutieux, presque méticuleux, digne de l’artiste peintre qu’il avait été avant sa conversion. À nous, jeunes Italiens, cette méticulosité, qui s’exerçait aussi un peu à notre égard, nous paraissait exagérée. Mais il nous fallait reconnaître, qu’avant de nous l’imposer, il appliquait à lui-même, et inexorablement, cette minutie sévère … À Mouscron, le peuple a gardé de lui le souvenir d’un Serviteur de Dieu, au point que l’on travaille à introduire les procès canoniques pour sa béatification. S’ils arrivent à bonne fin, je pourrai me vanter d’avoir partagé pendant quatorze mois la vie quotidienne d’un saint. »

Par elle-même, la charge de vice-maître des novices ne comportait aucune autorité ou responsabilité directe. Elle consistait surtout à suivre les novices d’un exercice à l’autre, à les accompagner dans leurs récréations et promenades. Ce qu’on attendait du Père Schilling, c’était de veiller, à l’exacte observance de la Règle et d’être en tout, auprès des novices, un modèle de vie religieuse. « Il était pour nous dit un de ses anciens novices, un grand compagnon qui inspirait confiance et respect. » Et.- un autre : « J’ai toujours retenu qu’il était un saint religieux. En récréation et pendant les promenades, Il était notre joie et notre édification, toujours calme, souriant et aimable de caractère. Quand il parlait de la présence de Dieu, il s’enthousiasmait comme s’il le voyait en personne ; quand Il priait, Il semblait en extase. »

En Italie le Père Schilling commença à s’initier au ministère des âmes, qui devait bientôt LE rendre si cher à la population de Mouscron. Il entendait les confessions à l’Institut Villoresi et à l’hôpital de la Ville. Déjà Il excellait à préparer les mourants à paraître devant leur Sauveur et Juge. Il eut même la joie, au cours de l’année 1887, de coopérer à la conversion d’une dame protestante. Pendant de longues semaines il l’instruisit dans la religion catholique et fut l’heureux témoin de son abjuration, de son baptême et de sa première communion.

Cette même année 1887 mit fin à son séjour en Italie. Le Père Schilling quitta à regret le cher noviciat de la province lombarde. Nous le savons par ses lettres. Sur le moment il n’en laissa rien paraître. « Obéir était sa vocation et sa joie », comme disait de lui le supérieur du noviciat.


Début du 20ème siècle : Le réfectoire des Pères Barnabites