KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 13

Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron

Dans la joie du Seigneur


Vint un temps où le Père Schilling sentit ses forces faiblir. Le déclin se prononça au cours de l’année 1905. On lui découvrit un ulcère à l’estomac, dont il devait d’ailleurs mourir. Il se traîna, tant bien que mal, mais sans jamais se plaindre ou perdre son sourire, jusqu’au début d’octobre de l’année suivante.

Le 3 octobre 1906, le médecin constata un tel affaiblissement général, qu’il conseilla d’administrer le vénérable malade. « Ainsi, lisons-nous à cette date dans les Actes du couvent, le bon Père Schilling, à bout de forces, usé, harassé, épuisé devant l’obstination de la maladie, se résigne à garder le lit. Le R.P. Provincial, entouré de toute la communauté, lui administre les derniers sacrements. Le malade se sent tout heureux d’être arrivé au terme de sa carrière. Il parle du surnaturel avec le plus grand naturel. La communauté sent qu’un rayon de lumière va bientôt s’éteindre. »

Cependant, après quelques jours de repos, le malade se remit assez pour être capable de recevoir quelques pénitents. À ceux qui ne pouvaient venir à son chevet, il écrivait un mot de réconfort.

La maladie ne le rendait pas triste. Il ne se lassait pas de répéter : « Je suis heureux, on ne peut plus heureux. » Les dernières lignes écrites de sa main contiennent cette sentence : « La tristesse est le plus grand mal qui puisse nous arriver après le péché mortel, parce qu’elle rend l’âme hors d’état de se servir de Dieu. Servez Dieu dans la joie, dit saint Paul ; il le mérite. »

La fin de l’année sembla vouloir sonner le glas de la vie terrestre du serviteur de Dieu. Le 31 décembre, on lui en leva, dans le dessein de le soulager un peu, les dures planches sur lesquelles il dormait depuis tant d’années. Le lendemain, 1er janvier 1907, il eut la consolation suprême de recevoir dans sa chambre, en vertu d’un Induit du Saint-Siège, sa nièce Henriette Schilling. Celle-ci venait, ce jour même, d’abjurer le protestantisme pour être reçue au sein de l’Église catholique. On imagine l’émotion du saint vieillard, bénissant dans la personne de sa jeune parente toute sa famille et la Norvège, pour lesquelles il n’avait cessé de prier et de faire pénitence.

La nuit qui suivit cette entrevue fut mauvaise. Le Père reçut la sainte Communion après minuit. Dans la matinée du 2 janvier, il fit des adieux touchants à ses confrères. Vers trois heures de l’après-midi, il reçut encore les scolastiques. Il les bénit, en disant : « Soyez des saints. » Vingt minutes plus tard, fixant un dernier regard sur une image de la Sainte Vierge suspendue au mur, il expirait « on ne peut plus placidement », sans agonie.

Le vœu suprême du Père Schilling était réalisé « entrer comme religieux éternel dans le ciel ».


Sources des textes utilisés : Un converti norvégien – KARL-HALFDAN SCHILLING
Les R.P. Barnabites, Mouscron le 13 mars 1962