KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 3

Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron

« Je veux devenir catholique »

La prise de conscience de son malheureux exploit provoqua, chez le luthérien, un choc salutaire. L’incident de la procession fut le moyen dont Dieu se servit pour ouvrir une brèche dans l’âme contractée, mais droite et foncièrement pieuse de Schilling.

Celui-ci aurait voulu réparer l’incartade dont il n’était pas fier et qui avait contristé son entourage. Ce qui le touchait surtout, c’était de constater que la famille Eitel lui gardait sa confiance et son affection première. Il en admirait davantage la vie exemplaire de ce foyer catholique. Le Père Schilling déclarera dans la suite : « Je dois beaucoup à l’excellente famille Eitel. La pratique si parfaite de la religion catholique, que j’ai vue chez elle, m’a fait plus de bien que tous les livres d’apologétique. »

Il n’y a pas de doute : l’affaire du chapeau porta un coup à l’âme de Karl-Halfdan et le força à réfléchir. Mais il ne pouvait résoudre à lui seul les problèmes qui agitaient son esprit. Il résolut de se confier à un des fils de la maison Guillaume Eitel, qui avait le même âge que lui et se destinait au sacerdoce.

« Par un beau matin, Schilling lui proposa de l’accompagner à la campagne pour admirer le spectacle radieux du soleil jetant ses premières lueurs sur la vallée du Rhin … Le pieux jeune homme refusa :

Chaque matin, dit-il, j’assiste à la Messe …

Karl l’interrompit aussitôt, heureux de trouver une entrée en matière pour aborder le problème qui tourmentait son cœur …

La sainte Messe, dit-il, qu’est-ce que cela signifie ?

Venez avec moi, reprit son interlocuteur, et vous verrez. »

Ce petit entretien devait ouvrir le chemin à de nombreuses et longues discussions …

Cependant, ce qui frappa le plus Schilling dans l’exposé sommaire des dogmes catholiques, ce fut la doctrine du pardon des péchés par le sacrement de Pénitence. Lui-même, plus tard, raconta le fait à un illustre converti, M. A. Soerensen :

« M. Eitel me demanda un jour :

À quelle religion appartenez-vous ?

Je répondis :

Grâce à Dieu, j’appartiens à l’Église luthérienne évangélique.

Combien de sacrements avez-vous dans votre Église ?

Nous en avons deux, répondis-je : le baptême et le sacrement de l’autel.

Mais n’avez-vous pas, continu a-t-il, le sacrement de l’absolution ?

Le sacrement de l’absolution ? fis-je étonné, qu’est-ce que cela veut dire ?

Sur ce, il me donna l’explication du sacrement de Pénitence et, à mesure qu’il parlait, mes yeux se dessillaient. Lorsqu’il eut fini, je m’écriai :

Je veux devenir catholique.

Doucement, reprit le jeune lévite, cela ne va pas si vite.

À partir de ce moment, je cherchai à m’instruire à fond de la doctrine catholique. »