KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 4

Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron

« Cinq minutes avant d’être catholique »


On pensera qu’un protestant luthérien, déjà sensibilisé à l’angoisse de l’état de pécheur, devait être particulièrement réceptif à la consolation du pardon sacramentel. Mais, chez Schilling, le Sacrement satisfait bien davantage à un besoin intime de pureté. Âme d’artiste, il aime en toutes choses la beauté nette et lumineuse. « De quelles pures délices, a-t-il écrit, n’est pas inondée une âme qui vient de recevoir le sacrement de Pénitence ! C’est à peine si l’on se reconnaît soi-même. »

Pendant qu’il poursuit ses réflexions personnelles et ses discussions avec son ami Guillaume, toute la famille Eitel et les Filles de la Croix font une neuvaine pour l’heureux aboutissement de la crise que traverse le jeune peintre.

Quinze jours après la Fête-Dieu de triste mémoire, Karl-Halfdan sortait une fois de plus avec Guillaume Eitel. Passant devant l’église Saint-Lambert, il proposa d’entrer un instant. Guillaume, craignant quelque maladresse, voulut l’en dissuader. Schilling s’entêta et son compagnon dut suivre, vaguement inquiet. C’était le deuxième dimanche après la Fête- Dieu, jour où l’on célébrait la solennité du Sacré-cœur.

Karl avait sans doute déjà visité cette église en artiste ou en curieux. Aujourd’hui, ce temple lui parlait un langage nouveau. Mieux instruit de la religion catholique, sympathisant de cœur avec ce qu’il y découvrait de vérité et de beauté, il se trouva moins dépaysé parmi le mobilier et les décorations de l’édifice. La cérémonie liturgique qui se déroulait ne lui parut plus une mascarade superstitieuse, mais un culte unissant la splendeur à l’adoration en esprit et en vérité. Il sentit que l’atmosphère de piété dans laquelle il baignait aidait à la respiration de son âme et répondait à son besoin de contact plus intime avec Dieu.

Comme plus tard Claudel, un soir de Noël à Notre-Dame de Paris, Schilling fut touché par une évidence surnaturelle. C’est sans doute au souvenir de cette grâce qu’Il dira un jour : « Cinq minutes avant d’être catholique, je n’en savais rien. »

Au sortir de l’église, Karl-Halfdan répéta ce qu’il avait déclaré quelques jours auparavant : « Je veux devenu catholique. » Ce n’était plus un simple désir. C’était une résolution ferme, une réponse ardente et généreuse à la lumière qui s’était faite dans son âme.


Début 20ème siècle : Le couvent